Gérer la frustration

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La gestion de la frustration, voire de la colère est un sujet de coaching récurrent. Quand on est stressé·e, — et qui, surtout quand on est avocat·e, ne connaît pas des moments de stress aigu ? — on peut être amené·e à relâcher la tension d’une manière qui, sur le moment, peut sembler légitime mais, rétrospectivement, s’avère peu élégante.

Chacun·e a sa propre façon de gérer ses émotions. L’un des épisodes qui m’a profondément marqué quand j’étais stagiaire concernait  un pic de colère de l’avocat avec lequel je travaillais un jour. Je me suis retrouvé au milieu d’un quiproquo entre deux équipes, ce qui a provoqué la colère de cet avocat lorsque je lui ai expliqué ce qu’il se passait. Il a commencé à hurler dans le petit bureau où nous nous trouvions ; toutefois, après trente secondes, et malgré son emportement, il a réussi — tout en continuant de fulminer — à me rassurer : il savait que je n’y étais pour rien et sa colère n’était pas contre moi, mais contre ses collègues. Un peu sonné, j’étais quand-même rasséréné car, dorénavant, je comprenais que sa colère n’était pas dirigée  contre moi — je me trouvais tout simplement en  présence de quelqu’un en colère. 

Malheureusement, tout le monde n’a pas l’empathie suffisante pour rester sensible à l’impact que ses émotions peuvent avoir sur autrui, ni cette présence d’esprit d’en faire état lors de ses accès de colère.

De surcroît, dans un contexte professionnel, on cache souvent les raisons de nos humeurs par souci de pudeur, même si le fait d’expliquer son comportement pourrait aider l’entourage à en faire abstraction (à supposer que le-dit comportement reste raisonnable, bien-entendu). Parfois les raisons de la tension sont évidentes : on sait qu’une date butoir s’approche ou que la charge de travail de la personne concernée est particulièrement importante à ce moment-là. Mais, le plus souvent, les collègues ne sont pas au courant d’autres circonstances atténuantes, par exemple : une dispute avec un proche avant d’arriver au bureau ; une discussion désagréable avec un client ou un supérieur hiérarchique ; ou tout simplement un manque de sommeil la veille. Or quand nos collègues ignorent de telles circonstances, le risque de malentendus augmente. 

Pour ne rien arranger, la situation se complique quand les collègues de la personne en question sont susceptibles de se croire la cause de cette mauvaise humeur. En effet, cela peut arriver même en l’absence de mauvais comportement. Par exemple, si quelqu’un est convaincu que sa cheffe est en froid avec lui, il est susceptible de considérer que le ton sec du dernier courriel qu’elle a écrit en est la preuve — même si, en réalité, elle est très contente de son travail et elle a tout simplement écrit le message à la va-vite, entre deux réunions, sans arrière pensée. 

Vous l'avez bien compris : ce que l’on transmet par son comportement ou que l’on projette avec des interprétations inexactes du comportement de quelqu’un d’autre peuvent nuire au bien-être et à la productivité de tout le monde. Le niveau de stress peut augmenter inutilement ; les relations entre certains collègues peuvent devenir tendues sans aucune raison — tout se solde par une perte de temps.

Que faire, donc ?

Si vous êtes de mauvaise humeur : essayez d’être transparent·e avec vos collègues. De toute façon, il sera évident que quelque chose ne va pas. Même si vous n’avez pas envie d’étaler votre vie personnelle devant vos collègues, il est toujours possible de les rassurer en donnant un peu de contexte avant d’entamer une discussion. Par exemple, une phrase toute simple comme  “je risque d’être un peu plus sec que d’habitude pendant cette réunion ; sachez que cela n’a rien à voir avec vous, j’ai tout simplement passé une matinée désagréable” peut épargner à vos collègues un stress considérable.

Si vous vous trouvez face à quelqu’un de mauvaise humeur : évitez qu’un cercle vicieux ne s’instaure. Vous ne pouvez pas contrôler l’autre personne, mais vous avez la maîtrise de vos propres émotions — c’est la seule possibilité pour calmer le jeu. Rappelez-vous qu’il y a  peu de chances que la cause de cette colère soit vous-même ; et si c’est le cas, il y a aussi des chances pour que vous ne soyez pas la seule source de colère — autant ne pas le devenir. Même si vous trouvez que le comportement de l’autre est démesuré, il serait peut-être plus judicieux d’attendre le moment où les esprits se seront un peu calmés pour aborder le sujet (selon la gravité et la fréquence des faits, évidemment). 

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