Le mythe de la personne qui réussit toute seule

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On adore les histoires des personnes qui incarnent l’exceptionnel, que ce soit les grandes figures de la science et la technologie, les sportifs et sportives de haut niveau ou les artistes très coté·e·s. Et pour cause : ces personnes illustres nous font rêver, nous incitent à nous fixer puis à relever des défis toujours plus ambitieux, à repenser ce qui nous semble possible. 

Or, on oublie systématiquement qu’aucune de ces figures phares n’a réussi toute seule. Que certes, si elles ont réussi c’est grâce à une capacité de travail hors norme, mais pas seulement. Que toutes ces personnes ont su constituer des équipes autour d’elles qui leur permettaient d’accomplir ce qui semblait auparavant impossible. 

Il y a quelques mois, j’ai écrit sur l’histoire de Kati Kariko, la chercheuse qui a fait un travail crucial pour le développement des vaccins contre la Covid-19. Lisez attentivement son histoire et vous apprendrez combien la collaboration des collègues qui lui faisaient confiance était essentielle à son succès. Au travers de l’histoire du développement du vaccin lui-même, la nécessité du travail des milliers de personnes sur les recherches complémentaires, les essais cliniques, le financement, l'ingénierie de la chaîne de production, les logistiques de livraison … devient évidente.

Les histoires idéalisées de la personne qui réussit toute seule occultent le travail d’innombrables personnes, donnant ainsi l’impression qu’une telle réussite est possible. Cela met une pression inutile sur les personnes qui pensent qu’il est non seulement louable mais nécessaire de tout faire par soi-même, sans jamais demander l’aide de qui que ce soit. Parfois, cela incite des personnes à jeter l’éponge quand elles auraient pu atteindre leurs objectifs en s’associant à d’autres.

Oui, parfois, voire souvent, il faut se tourner vers soi-même pour trouver l’énergie, l’inspiration et maintes autres ressources pour réussir dans son travail. Et si vous n’êtes pas capable de faire l’essentiel de votre travail, c’est problématique. 

Mais :

• si vous demandez l’avis de quelqu’un d’autre ; 

• si vous réfléchissez à plusieurs pour trouver la meilleure réponse à une question ; 

• si vous sollicitez l’aide de quelqu’un d’autre pour mener à bien votre projet 

— ce n’est pas que vous êtes faible ; c’est que vous avez la force et la sagesse de reconnaître que ce qui fait la puissance de l’être humain est que nous sommes des animaux sociaux et sociables, qui avons réussi à façonner le monde pour répondre à nos besoins grâce à notre capacité unique de réunir nos forces et d’agir de concert au lieu de devoir toujours galérer individuellement. 

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