On n’avance pas en ligne droite

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Vous vous fixez un objectif. Vous identifiez les ressources nécessaires pour y arriver, ainsi que les éventuelles pierres d’achoppement, de sorte qu’elles n’entravent pas votre progrès. Vous avancez, lentement mais sûrement, jusqu’au jour où vous atteignez le but en question.

Pourquoi ce schéma du progrès est-il trompeur ? Parce qu’en réalité, la route vers nos objectifs n’est pas tracée uniquement par des pas en avant ; il y a presque autant de pas en arrière ou même latéraux. En effet, le chemin vers tous les objectifs est tout sauf linéaire.

Le sujet s’est présenté récemment, lorsque je travaillais avec un avocat brillant qui se préparait à une transition majeure dans sa carrière. Très exigeant envers lui-même, il avait identifié quelques points d’amélioration afin d’atteindre les objectifs qu’il s’était fixés. Pendant les premières séances de coaching, il était souvent frustré lorsqu’il parlait des erreurs qu’il continuait à faire, ou des mauvaises habitudes qu’il avait identifiées mais dont il n’arrivait pas à se  débarrasser. Cette frustration contribuait à un niveau de stress aigu, ce qui troublait son sommeil et donc sa performance au travail. 

Sa frustration était due à la nature unique du challenge devant lui : jusqu’à ce stade dans sa vie professionnelle, tout a été relativement facile pour lui. C’était la première fois de sa vie qu’il se confrontait  à une réelle difficulté pour atteindre un objectif professionnel. C’est pourquoi le cycle essai - échec - apprentissage lui était totalement inconnu dans cette sphère. 

En prenant un peu de recul, et en analysant d’autres activités dans sa vie personnelle où il a connu des échecs qu’il avait mieux tolérés, il a développé une capacité de vivre cette période difficile dans sa vie professionnelle avec plus de patience et de tolérance — tout en gardant l’exigence pour l’excellence qui était sa marque de fabrique. Notre travail ensemble l’a aidé à accepter que, quand on fait face à un vrai défi, la voie qui mène vers le succès n’est jamais toute droite ; que quand on fixe un but ambitieux, il est parfaitement normal d’avancer par à-coups, et de passer des périodes où l’on a l’impression de régresser. En effet, c’est précisément ce cycle répété d’essais, d’échecs et d’apprentissage qui nous permet d’intégrer de nouvelles compétences, habitudes, façons de travailler, etc. 

Grâce à ce travail, il a pu réduire son stress et mieux apprendre de ses succès et de ses échecs, ce qui s’est traduit tout naturellement par les résultats qu’il avait cherchés dès le début.

Mon travail avec ce client illustre le fait que, même si on sait qu’on apprend grâce aux échecs, il peut être difficile de vivre ces cycles de changement, surtout si on est quelqu’un qui n’a pas l’habitude de l’échec. C’est d’autant plus vrai si on travaille dans un secteur — comme le droit — où l’on peut avoir l’impression que les échecs ne sont point tolérés. 

Néanmoins, un travail sur son rapport à l’échec et au succès peut aider à vivre des défis de façon beaucoup plus sereine, ce qui se traduit souvent — aussi paradoxal que cela puisse paraitre — par la réalisation plus rapide de ses buts.

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